David Hockney à la Fondation Louis Vuitton – Une vie en couleurs

Par Kris Ghesquière
À 87 ans, David Hockney reste un créateur infatigable. La vaste rétrospective David Hockney – A Year in Normandie & Works 1954-2024, actuellement présentée à la Fondation Louis Vuitton à Paris, n’est pas une simple rétrospective : c’est une célébration de la curiosité inépuisable de l’artiste et de l’évolution de son style au fil des décennies. Rassemblant plus de 400 œuvres, l’exposition — conçue en étroite collaboration avec Hockney lui-même — met en lumière l’étendue de sa pratique artistique, des années 1950 à aujourd’hui, avec une attention particulière portée à ses créations numériques récentes, réalisées durant son séjour en Normandie.
Les débuts de Hockney, représentés ici à travers des dessins, des gravures et des peintures, révèlent l’humour acéré et la sensibilité émotionnelle qui marquèrent son ascension dans le Londres des années 1960. Au cours de cette même décennie, il s’installe à Los Angeles, un changement radical qui transforme sa manière d’aborder la lumière, la couleur et les sujets. Les lignes nettes et les teintes éclatantes de ses années californiennes transforment les scènes ordinaires en images iconiques. Henry Geldzahler (1980) est un portrait emblématique de cette période, représentant le célèbre commissaire d’exposition dans une palette rose, orange et bleue à la fois intime et vibrante.
L’estampe a constitué un autre champ d’exploration majeur pour Hockney. En 1973, il réalise Sun (from The Weather Series), une lithographie et sérigraphie débordante de rayons dorés, de volets et de plantes en pot. C’est une interprétation à la fois ludique et raffinée de la lumière californienne.
Sa fascination pour les scènes domestiques et les objets du quotidien transparaît aussi dans des œuvres comme Two Peppers (1973)
et Slightly Damaged Chair, Malibu 1 (1973). Épurées dans leur réalisation, ces deux pièces n’en portent pas moins une charge émotionnelle profonde — des hommages silencieux à la quiétude des intérieurs et à l’intimité du regard.
Parmi les séries graphiques les plus délicates de cette période figure Illustrations for Fourteen Poems from C.P. Cavafy, réalisée en 1966. On y trouve notamment Two Boys Aged 23 or 24, une eau-forte douce et érotique qui illustre avec pudeur et sensibilité l’homoérotisme discret du poète.
L’exposition de la Fondation donne une place centrale à la production du XXIe siècle. Les peintures numériques réalisées sur iPad ou iPhone, puis imprimées en grand format sur papier ou toile, témoignent de l’enthousiasme d’Hockney pour les technologies contemporaines. Ces œuvres ne sont pas des gadgets : ce sont des explorations picturales pleines de joie, de rythme et de lumière. Dans iPad Drawing Untitled 468, par exemple, une plante en pot trône dans un intérieur stylisé, rendue dans des verts et des bleus lumineux.
Tout aussi intime, My Window iPad Drawing No. 535 (28th June 2009) est une nature morte florale inondée de lumière matinale, dessinée depuis la fenêtre de la maison de Hockney dans le Yorkshire.
L’œuvre phare de l’exposition est sans doute A Year in Normandie, une frise monumentale de 90 mètres de long, dessinée sur iPad et imprimée sur papier. Inspirée de la tapisserie de Bayeux et des séries de la cathédrale de Rouen par Monet, elle retranscrit les variations saisonnières dans le jardin normand de l’artiste pendant le confinement lié à la pandémie de COVID-19.
À proximité, le visiteur découvre 220 for 2020, un ensemble de peintures numériques créées à la même époque, qui traduisent les changements de lumière et d’atmosphère du printemps.
En contraste avec ces fresques numériques monumentales, des instants de calme sont également mis à l’honneur. Pool Made with Paper and Blue Ink for Book 2 (1980) capture, avec un minimum de lignes et de couleurs, la géométrie apaisante de l’eau d’une piscine — l’un des motifs les plus constants de l’œuvre de Hockney.
Dans son ensemble, l’exposition de la Fondation Louis Vuitton dépasse la simple rétrospective : elle affirme avec éclat que la vitalité artistique de David Hockney ne cesse de croître avec les années. La dernière salle présente des œuvres réalisées il y a seulement quelques mois, dont des portraits et des paysages méditatifs, preuve que le regard de l’artiste — vif, curieux et généreux — reste toujours aussi lumineux.
David Hockney – A Year in Normandie & Works 1954–2024
Dates : Du 09.04.2025 au 31.08.2025
Lieu : Fondation Louis Vuitton, 8 avenue du Mahatma Gandhi, Bois de Boulogne, 75116 Paris
Plus d’infos : https://www.fondationlouisvuitton.fr/en/events/david-hockney-25
Par Kris Ghesquière
À 87 ans, David Hockney reste un créateur infatigable. La vaste rétrospective David Hockney – A Year in Normandie & Works 1954-2024, actuellement présentée à la Fondation Louis Vuitton à Paris, n’est pas une simple rétrospective : c’est une célébration de la curiosité inépuisable de l’artiste et de l’évolution de son style au fil des décennies. Rassemblant plus de 400 œuvres, l’exposition — conçue en étroite collaboration avec Hockney lui-même — met en lumière l’étendue de sa pratique artistique, des années 1950 à aujourd’hui, avec une attention particulière portée à ses créations numériques récentes, réalisées durant son séjour en Normandie.
Les débuts de Hockney, représentés ici à travers des dessins, des gravures et des peintures, révèlent l’humour acéré et la sensibilité émotionnelle qui marquèrent son ascension dans le Londres des années 1960. Au cours de cette même décennie, il s’installe à Los Angeles, un changement radical qui transforme sa manière d’aborder la lumière, la couleur et les sujets. Les lignes nettes et les teintes éclatantes de ses années californiennes transforment les scènes ordinaires en images iconiques. Henry Geldzahler (1980) est un portrait emblématique de cette période, représentant le célèbre commissaire d’exposition dans une palette rose, orange et bleue à la fois intime et vibrante.
L’estampe a constitué un autre champ d’exploration majeur pour Hockney. En 1973, il réalise Sun (from The Weather Series), une lithographie et sérigraphie débordante de rayons dorés, de volets et de plantes en pot. C’est une interprétation à la fois ludique et raffinée de la lumière californienne.
Sa fascination pour les scènes domestiques et les objets du quotidien transparaît aussi dans des œuvres comme Two Peppers (1973)
et Slightly Damaged Chair, Malibu 1 (1973). Épurées dans leur réalisation, ces deux pièces n’en portent pas moins une charge émotionnelle profonde — des hommages silencieux à la quiétude des intérieurs et à l’intimité du regard.
Parmi les séries graphiques les plus délicates de cette période figure Illustrations for Fourteen Poems from C.P. Cavafy, réalisée en 1966. On y trouve notamment Two Boys Aged 23 or 24, une eau-forte douce et érotique qui illustre avec pudeur et sensibilité l’homoérotisme discret du poète.
L’exposition de la Fondation donne une place centrale à la production du XXIe siècle. Les peintures numériques réalisées sur iPad ou iPhone, puis imprimées en grand format sur papier ou toile, témoignent de l’enthousiasme d’Hockney pour les technologies contemporaines. Ces œuvres ne sont pas des gadgets : ce sont des explorations picturales pleines de joie, de rythme et de lumière. Dans iPad Drawing Untitled 468, par exemple, une plante en pot trône dans un intérieur stylisé, rendue dans des verts et des bleus lumineux.
Tout aussi intime, My Window iPad Drawing No. 535 (28th June 2009) est une nature morte florale inondée de lumière matinale, dessinée depuis la fenêtre de la maison de Hockney dans le Yorkshire.
L’œuvre phare de l’exposition est sans doute A Year in Normandie, une frise monumentale de 90 mètres de long, dessinée sur iPad et imprimée sur papier. Inspirée de la tapisserie de Bayeux et des séries de la cathédrale de Rouen par Monet, elle retranscrit les variations saisonnières dans le jardin normand de l’artiste pendant le confinement lié à la pandémie de COVID-19.
À proximité, le visiteur découvre 220 for 2020, un ensemble de peintures numériques créées à la même époque, qui traduisent les changements de lumière et d’atmosphère du printemps.
En contraste avec ces fresques numériques monumentales, des instants de calme sont également mis à l’honneur. Pool Made with Paper and Blue Ink for Book 2 (1980) capture, avec un minimum de lignes et de couleurs, la géométrie apaisante de l’eau d’une piscine — l’un des motifs les plus constants de l’œuvre de Hockney.
Dans son ensemble, l’exposition de la Fondation Louis Vuitton dépasse la simple rétrospective : elle affirme avec éclat que la vitalité artistique de David Hockney ne cesse de croître avec les années. La dernière salle présente des œuvres réalisées il y a seulement quelques mois, dont des portraits et des paysages méditatifs, preuve que le regard de l’artiste — vif, curieux et généreux — reste toujours aussi lumineux.
David Hockney – A Year in Normandie & Works 1954–2024
Dates : Du 09.04.2025 au 31.08.2025
Lieu : Fondation Louis Vuitton, 8 avenue du Mahatma Gandhi, Bois de Boulogne, 75116 Paris
Plus d’infos : https://www.fondationlouisvuitton.fr/en/events/david-hockney-25