Sam Francis

Untitled, 1984

106.7 X 73 inch

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Une élégie à la couleur, la géométrie et l'optique: La résonance visuelle et les formes de Julio Le Parc

An Elegy to Colour, Geometry and Optics: The Visual Resonance and Forms of Julio Le Parc

By Andrew Bay, UK

Julio Le Parc est né en 1928 dans une famille modeste en Argentine et a grandi à Buenos Aires. Très tôt, il fait preuve d’un talent particulier pour le dessin et la peinture, et s’inscrit à l’École des Beaux-Arts de Buenos Aires dont il sort diplômé en 1955. Après avoir reçu une bourse de l’Académie des Beaux-Arts Français, Le Parc s’installe à Paris en 1958, où il commence à perfectionner son art avec assiduité.

Bien qu’il travaillait avec des ressources limitées, il réalisait beaucoup de croquis et de brouillons, testant la gouache ou l’acrylique. Il s’est consacré à l’étude des œuvres des grands peintres constructivistes, Alexandre Rodchenko et Vladimir Tatline. Il a également commencé à explorer les possibilités de création géométrique, que l’on retrouve dans les peintures de Piet Mondrian. 

Le maître hollandais a énormément influencé le jeune Le Parc, qui a étudié de près l’expansion des formes et leurs potentielles relations, qui sont primordiales dans l’œuvre de Mondrian. C'est sur cette base que Le Parc a débuté ses propres recherches créatives. Il a commencé à être connu pour produire des œuvres fascinantes qui revigorent et reconstruisent le contexte spatial à partir du point d'origine de la luminosité. Le Parc a commencé à montrer cette nouvelle approche émergente à partir de la fin des années 1950, en particulier dans une série d'installations hypnotiques présentées dans ses premières expositions à Paris. Cette période marque également ses premières incursions dans les peintures abstraites basées sur des systèmes. 

Le Parc est souvent considéré, à juste titre, comme un pionnier de l’art cinétique, avec son utilisation révolutionnaire d’effets visuels, de labyrinthes spatiaux complexes et de plans géométriques parallèles. Certaines de ses premières peintures anticipent également les débuts du mouvement Op Art. Dans des œuvres charnières telles que  "Relief 13" (1970), Le Parc oriente subtilement les teintes et les nuances polychromes pour créer un espace négatif dans des intermèdes synchronisés.

L’essence de l’oeuvre de Le Parc se retrouvait déjà dans ces travaux interactifs, sa curiosité naturelle, son esprit de recherche. Il a toujours évité d’être trop étroitement associé à une école particulière, qu’il s’agisse de l’art surréaliste, de l’art génétique ou de l’art géométrique. Cependant, à la fin de 1958 il a décidé, de lancer son propre mouvement, avec un groupe d’artistes en devenir partageant les mêmes idées sous l’acronyme GRAV (traduit du français, Groupe de Recherche sur les Arts Visuels).Sous la tutelle du peintre et sculpteur d’origine hongroise Victor Vasarely, Le Parc s’associe entre autres à Yvaral (fils de Vasarely), François Morellet, François Molnar et Joël Stein. Ensemble, ils ont défié le public et les critiques, en imprimant des pamphlets politiques et des déclarations de principe pour contester ce qu’ils percevaient comme le but de l’art dans leur environnement culturel et social. 

Le mouvement s’engage de plus en plus dans un activisme radical qui culmine avec les révoltes étudiantes et ouvrières de 1968 à Paris. Les artistes ont apporté des dessins et des croquis satiriques pour montrer leur soutien à la cause des étudiants. 

La fin des années 1960 marque une transition importante dans l’oeuvre de Le Parc qui commence à incorporer des angles, des perspectives et des projections 3D dans ses peintures. À partir de 1964, il a commencé à expérimenter l’éclat produit par les miroirs, assemblés pour disperser les tons clairs, afin de supplanter le point focal de l’expérience du spectateur. L’espace de la galerie a ainsi été transformé en un jeu labyrinthique d’ombres et de lumière qui se reflètent, et se rejoignent constamment.

Au cœur de l’œuvre de Le Parc, on retrouve la continuité de l’examen des contours et des reflets de la lumière, utilisée comme matériau et substance primaire. Il dissèque ensuite son impact sur l’œil du spectateur, sa surface de contact proposée. Du point de vue des expériences présentées à chaque spectateur, ses installations et œuvres d’art sont dans un état de mouvement et de fluidité perpétuels. Le Parc entend transformer notre perception de la multiplicité des rôles inscrits dans le dialogue qui se déroule en permanence entre l’artiste, le spectateur et la galerie d’art. Il nous pousse à dévier d’un équilibre visuel perçu, dépossédant l’œuvre de ses interprétations possibles et forçant le spectateur à entrer dans un jeu de relations instables. C’est la raison pour laquelle les œuvres de Le Parc produisent une quantité illimitée d’altérations et de variations. À travers eux, le mouvement de la lumière entre et sort de l’être, créant une expérience interactive du temps, grâce à la collaboration active des observations du spectateur. 

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